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Programme "Enfance et Création"
Responsables scientifiques : Christine Peres et Chantal Zaouche.
Ce programme se situe dans le prolongement d’un programme plus ancien « Infantina », lequel visait à l’origine à promouvoir l’étude de la littérature pour enfants dans le domaine hispanique. Des collaborations ont ensuite été sollicitées auprès avec de chercheurs travaillant dans ce domaine en littérature française ou anglaise, entre autres. C’est ainsi que se sont noués des liens durables entre l’Institut IRPALL et plusieurs centres qui, en Espagne s’intéressent de près à la littérature de jeunesse et aux sciences de l’éducation, plus particulièrement le CEPLI (Centro de Estudios de Promoción de la Lectura y Literatura Infantil), de l’Université de Castilla-La Mancha, ou encore un groupe des chercheurs de l’université de Grenade. Au-delà du monde universitaire, Infantina avait aussi souhaité s’ouvrir aux enseignants du primaire et du secondaire aussi bien français qu’étrangers, car il semblait indispensable aux chercheurs de ne pas se couper de ceux qui, sur le terrain, travaillent avec un public enfantin. Des créateurs (illustrateurs, auteurs ou traducteurs) avaient aussi été associés à cette recherche.
Dans le prolongement de ces réflexions antérieures, le programme « Enfance et création » a poursuivi l’étude de la littérature de jeunesse en langue espagnole en élargissant la réflexion au niveau de la littérature de jeunesse européenne et en s’intéressant à la place occupée par les grands auteurs au sein des productions mettant à la portée d’un jeune public des œuvres qui ne lui étaient initialement pas réservées. Ont été analysés les dispositifs textuels et iconiques mis en place par les adaptateurs ou les auteurs pour remodeler les œuvres classiques ou contemporaines en fonction des goûts d’un jeune public pour promouvoir l’apprentissage de la « lecture littéraire » : réécriture des œuvres classiques, jeux intertextuels, changement de support (album de jeunesse, bande dessinée), convocation des arts visuels (photographie, dessin). Ont été aussi examinés les politiques éditoriales, la circulation des œuvres de certains grands auteurs, les modèles transmis par ces textes les rendant – ou pas – transposables d’un pays à un autre.
« Enfance et création » a en outre élargi la réflexion sur l’enfance en se dotant d’un champ de recherches plus vaste : tout en poursuivant l’étude de la littérature de jeunesse en prenant appui sur les théories de la réception pour interroger de concert les deux versants de la création, le pôle artistique et le pôle esthétique, les chercheurs de l’IRPALL ont souhaité orienter leurs recherches en direction de l’enfant lui-même, grâce à la dimension artistique donnée à ce projet, afin d’analyser le processus créatif chez l’enfant, de poser les fondements d’une réflexion sur l’enfant créateur en croisant les champs disciplinaires de la psychologie, de la littérature, des arts plastiques et appliqués, en s’interrogeant sur la naissance du besoin de créer chez l’enfant. Comment l’enfant passe-t-il de l’état de récepteur à celui de créateur ? Comment l’imaginaire de l’enfant peut-il devenir un moteur de créativité ? Dans quelle mesure, les difficultés (en situations de précarité, d’émigration, de violences…) qu’il peut rencontrer au cours de son existence génèrent-elles de la créativité ? Comment ces processus créatifs participent-ils à la construction identitaire de l’enfant ?
Ce programme s’est intéressé à la créativité des enfants comme source et moteur de développement personnel et de construction identitaire en milieu précarisé. Il se fondait sur une politique d’établissement et contribuait en cela à la réflexion culturelle et sociale que des chercheurs et des artistes mènent à l’égard des enfants du quartier du Mirail. De ce fait, ce programme impliquait aussi le CIAM (Centre d’Initiatives Artistiques de l’Université de Toulouse II-Le Mirail) et « La Fabrique » (centre d’arts de cette même Université), lieu d’expérimentation, de répétition et de diffusion de la création artistique ouvert sur la cité. Il s’agissait de défendre la singularité des réalisations artistiques produites à l’Université, de permettre un véritable dialogue artistes-chercheurs, de mettre en place des actions de solidarité sociale envers les populations culturellement défavorisées et de coopérer avec la Ville, le GPV, les collectivités territoriales, les associations, les éducateurs, l’Education nationale
Deux journées d’études (mars 2009 et avril 2010) ont posé les bases du projet « Grands auteurs pour petits lecteurs », les auteurs concernés appartenant tous à la « grande » littérature ; la journée organisée en juin 2013 a envisagé plus précisément le processus créatif chez l’enfant.
Un colloque intitulé « Grands auteurs pour petits lecteurs », co-organisé en février 2010 par l’Institut IRPALL et l’EA LLA-Créatis, a réuni des spécialistes de littérature espagnole, hispanoaméricaine ou française, des sciences de l’éducation, de l’ethnologie, des créateurs et des pédagogues. Il a donné lieu à une publication chez Lansman Editeur en 2011 sous le titre Grands auteurs pour petits lecteurs. Adapter, traduire et illustrer les grands auteurs dans la littérature de jeunesse en langue espagnole. La réflexion a pris appui sur de grands classiques du passé et sur des créations originales plus contemporaines. Il a été conclu que pouvait être considéré comme « grand auteur pour petit lecteur » tout écrivain caractérisé par un double lectorat, qu’il ait commencé à écrire pour la jeunesse avant de se tourner vers la « grande littérature » ou au contraire ait, à un moment de son parcours, écrit pour la jeunesse. Une hypothèse a été de considérer les contes de la tradition orale comme les premiers récits de « grands auteurs pour petits lecteurs ». La réflexion s’est organisée selon quatre axes essentiels : « Adapter et traduire les grands classiques », « Des interactions entre le texte et l’image : mettre en images les grand auteurs », « Les grands auteurs modernes et contemporains : traduction, adaptation, auto-adaptation », « Réécritures contemporaines : du patrimoine oral à la mise en scène théâtrale »
Des ateliers d’arts plastiques, placés sous la direction de Jérôme Carrié, artiste plasticien, ont eu pour cadre le Théâtre du Capitole et l’Ecole Ronsard. Depuis 2010, 15 ateliers « J’invente un décor » ont été proposés. Ils ont placé l’enfant en situation de créateur, lors d’ateliers d’arts plastiques : il s’agissait de poursuivre l’exploration du champ de recherches ouvert – « Grands auteurs pour petits lecteurs » – en proposant à une quinzaine d’enfants de 9 à 12 ans une activité créatrice en relation avec les œuvres représentées au Théâtre du Capitole. Ils se sont familiarisés avec les notions élémentaires du décor (espace scénique, cadre de scène, perspective et mécanismes du changement de décor) et le fait que le décor de théâtre est à la fois le fruit des contraintes liées à la narration et le résultat d’une grande liberté de choix esthétiques qui permet la plus grande créativité.
Un autre atelier de création en arts visuels se déroule depuis trois ans au sein de l’école Ronsard et a donné lieu à trois expositions à La Fabrique. Cet atelier (portant tour à tour sur « La ville rêvée », « Regarder dehors », « Big Bang ») est hebdomadaire. Outre son objectif d’initier les élèves à différents supports, matières, gestes et outils techniques, il a servi à des étudiants en Master Psychologie du développement de l’enfant, sous la direction de Chantal Zaouche Gaudron ; deux étudiantes ont réalisé des entretiens avec les élèves, ces ateliers aidant à libérer la parole des enfants et de mettre en évidence leur vécu, leurs perceptions et leur processus créatif.
Ce programme a permis de consolider les liens internationaux (Espagne) et nationaux (centres spécialisés sur la littérature de jeunesse), et il a eu l’originalité de créer des liens avec l’environnement local.